« Le condamné à mort sursauta lorsque la porte de sa cellule s’ouvrit en grinçant. Venue du couloir, une forte lumière repoussa la pénombre jusqu’aux angles des murs couverts d’humidité. Leurs visages fermés par l’indifférence octroyée par l’habitude, deux gardiens s’engouffrèrent dans la pièce. Entre leurs mains cliquetaient quatre menottes reliées par une chaîne bifide à ses deux extrémités. Entraîné sans ménagement par les matons, le prisonnier lança un ultime regard en arrière vers sa dernière demeure depuis tant de mois. En voyant son plateau repas à peine entamé, il eut un léger regret de n’avoir pas pu le terminer. Pour une fois que le cuistot s’était surpassé ! Mais, à la réflexion, son estomac lui paraissait toujours aussi noué. Finalement, il n’est pas si simple d’affronter une mort programmée.

Assassin récidiviste et violeur par dessus le marché, Louis s’était vu condamné à la peine capitale par les jurés présidant à son procès.

Devant sa cellule patientait un prêtre. En croisant son regard, le prisonnier y lut le doute. Visiblement, l’ecclésiastique ne se trouvait là qu’en pure forme. En effet, dans l’attente de son exécution, les longues journées passées en prison avaient permis au meurtrier de faire le point sur son existence passée. Louis avait essayé de se tourner vers la religion au début de son incarcération mais en pure perte : son âme se trouvait bien trop alourdie par les péchés. L’officiant récita d’une voix monocorde les prières d’usage sans espérer une réponse, ou plutôt, en implorant pour qu’il n’y en ait aucune. Finalement, il se contenta de suivre le mouvement en silence.[…] »

Christian Perrot – 2020 – Tout droits réservés – Contact : christian.perrot@yahoo.fr