[…] Un bref instant plus tard, une sirène résonnait dans tout le navire. Les membres d’équipage endormis furent éveillés sans ménagement tandis que les autres couraient déjà à leur poste. Moins de cinq minutes après le début de l’alarme, le Transporteur 6A se trouvait aspiré par l’étrange phénomène. Aussitôt, une brusque poussée secoua tout l’équipage, les écrasant dans leur siège ou les projetant au sol. Dans le poste de pilotage, l’astronavigateur commentait les enregistrements des détecteurs de bord d’une voix rendue hachée par la déformation de son visage sous la brusque augmentation de la gravité :
— Notre vitesse devient exponentielle ! Elle est si élevée que nos instruments en sont perturbés.
— Le navire ne tiendra pas ! grommela le commandant.
— Nombreuses avaries signalées, reprit Tonokim. Nos gyroscopes internes nous ont lâchés, les systèmes externes sont inopérants et la température de notre coque augmente !
Une violente secousse ébranla brutalement le vaisseau tandis que la poussée s’inversait, expulsant de leur siège tous les membres d’équipage n’ayant pas bouclé leur ceinture.
— Baisse de nos niveaux d’énergie, commença l’officier scientifique. Tous les instruments s’affolent en perdant leur puissance.
— Vitesse nulle, commenta Tonokim. Nous émergeons en espace standard.
La verrière dominant le tableau de bord livra soudain l’image extérieure des alentours. Les membres d’équipage restèrent statufiés de stupeur… Et, lorsque l’impossible survint, leur seule réaction fut de hurler de terreur. Dans le vide de l’espace, leurs ultimes cris de souffrance s’estompèrent avant même de se propager hors de la carlingue du navire. Seul le silence interstellaire leur répondit.
Une nouvelle tragédie spatiale venait de se dérouler… […]

Christian Perrot – 2020 – Tout droits réservés – contact.christianperrot@yahoo.fr