Jour 04 : Dernière publication en date
Si vous appréciez l’anticipation, l’exploration spatiale, mais aussi les enquêtes et les cyborgs (sans oublier une touche de fantastique), je vous invite à découvrir Mycélium, un roman publié chez Octoquill Editions (une petite maison qui fait beaucoup de promotion et de mise en avant de ses auteurs).
Pour vous donner l’eau à la bouche, voici un passage de ce livre.
Et, pour celles et ceux qui apprécient, sachez qu’une version « scénario de jeu de rôle » est également disponible.

Mardi 4 novembre 2031 ; 10 h 40
Loin de la Terre, le module Artémis 6 volait vers la surface lunaire en une trajectoire parfaite. Toute la procédure se trouvait automatisée à l’extrême et dirigée à distance par les équipes au sol, assistées par les plus puissants ordinateurs disponibles.
À bord, les membres de l’équipage patientaient. Certains avec fébrilité, voire anxiété, d’autres avec un calme tout relatif. L’un d’entre eux en particulier sortait toutefois de l’ordinaire. Sa faible expérience des vols spatiaux se lisait dans ses yeux ébahis emplis d’une certaine crainte.
Embarqué en toute dernière minute dans l’équipage, Matthew Ferguson n’avait assisté à aucun briefing de mission. De son laboratoire, où il travaillait, à l’avion, jusqu’à la zone de lancement, puis de la capsule à la Station spatiale, avec un bref passage par la Lunar Orbital Platform-Gateway, en orbite de halo, avant de prendre place à bord du module à destination de la Lune proprement dite, il s’était senti comme un simple bagage.
L’homme avait entrevu des visages, serré des mains, traversé des sas, mais son esprit enfiévré par le départ imprévu n’avait rien retenu ou presque.
Aussi profitait-il des ultimes heures de voyage pour étudier le dossier de la mission, consultable sur sa tablette personnelle attribuée au moment du départ.
Il connaissait déjà les grandes lignes de l’histoire passée, depuis l’envie des Américains de remettre les pieds sur la Lune jusqu’à ce que Lunarville accueille ses premiers habitants. Un début idyllique vite plongé dans le doute suite à la perte de tout contact avec les colons…
Matthew Ferguson se retrouvait donc embarqué avec l’équipage constitué dans l’urgence, afin de se rendre sur place pour comprendre le problème. En quelques mois, le temps de mettre en place les différents éléments de la mission, tous les scénarios avaient été envisagés par les experts comme par les journalistes du monde entier. Malgré cela, pour l’heure, aucune hypothèse ne pouvait être confirmée ou infirmée.
Tout en consultant le dossier de la mission, l’homme trouva les fiches de ses compagnons de vol. L’équipage qui l’entourait se composait de six personnes expérimentées.
Sur sa photo d’identité, Kristian Richardson arborait une tignasse rousse et un visage énergique. Commandant de la mission, il en était également le pilote principal.
De son côté, Henry Clements, médecin et exobiologiste, était un homme brun, au visage orné d’une moustache ressemblant à une brosse à dents, collée sous son nez camus.
L’ingénieur de bord, Willem Altenbach, était également roboticien et informaticien. Avec ses cheveux courts, ses yeux enfoncés dans leur orbite et son nez prononcé, il donnait une impression revêche.
Feodosiy Kitsyne, lui, était spécialisé dans la partie pragmatique du métier d’astronaute. Hydrologue, géochimiste, et géologue, son curriculum vitae courait sur plusieurs pages. Blond aux yeux bleus, il inspirait confiance, malgré ses joues mal rasées lui donnant un air négligé.
Actuellement son voisin de siège, le dossier de l’homme au visage couturé de cicatrices nommé Fearghus Bishop s’avérait vide ou presque. Seule indication ; l’individu était militaire, spécialement entraîné pour les situations difficiles où la diplomatie s’avérait inefficace et où la puissance des armes, comme celle des muscles, devenait incontournable.
Pourtant, il manquait encore un nom…
Engoncé dans son scaphandre et sanglé sur son fauteuil, Matthew Ferguson pouvait à peine bouger. Cependant, il parvint à incliner sa tête vers le militaire pour lui murmurer :
— Qui c’est, la fille, là-bas ? Je ne trouve pas de trace d’elle dans le dossier de mission.
Son interlocuteur tourna son visage tavelé en direction de l’extrémité de l’habitacle. Sur le dernier siège se tenait une femme au visage ne pouvant passer inaperçu. La moitié de sa tête avait été remplacée par des prothèses artificielles.
— C’est un flic ! grommela le balafré. Le boss l’a annoncé au briefing de début de mission où tu n’étais pas, mon gars. Une certaine Moyah Bheret ! Elle est là pour enquêter, si jamais ce n’est pas une panne. Meurtres ou sabotage, ce sera à elle de le dire.
Le militaire gloussa, ce qui déforma ses lèvres épaisses et fit ressembler son faciès à un masque d’Halloween grimaçant.
— Je lui souhaite bien du plaisir… conclut-il tout en reprenant une attitude de repos crispée.
Matthew haussa les épaules dans le maigre espace accordé par son scaphandre. Il regrettait d’avoir questionné son voisin. La réponse ne l’aidait guère. Aussi demeura-t-il le regard fixé sur l’étrange policière.
Le côté droit du visage demeurait féminin, de même que ses lèvres. En revanche, le crâne et tout le côté gauche étaient ceux d’un androïde sophistiqué. Joue de métal, œil rouge enchâssé dans un logement rotatif, front orné d’une plaque rosâtre réfléchissant la lumière venue du tableau de bord de pilotage… Même le cou paraissait recouvert d’une résille métallique rappelant les antiques cottes de mailles.
Matthew ne pouvait discerner le reste du corps enfermé dans la combinaison bleue. Il ne doutait pas un instant que d’autres organes soient également artificiels. Quelle curieuse idée de la NASA d’avoir ainsi permis à une cyborg d’intégrer l’équipage.
L’ordre fut donné à tous de coiffer leur casque et de pressuriser leur tenue en prévision de l’alunissage imminent. Matthew se concentra sur les gestes dictés par la procédure imposée.
Quant aux « fans », il est annoncé une version « livre-jeu » et, peut-être, une suite.