Calendrier de l’Avent 09 Décembre

Jour 09 : Marque-pages et flyers


Dès le début des mes présences en salon du livre et autres séances de dédicaces, il n’était pas si facile de présenter mes écrits aux visiteurs sans leur imposer un achat. Aussi, je me suis lancé dans la constitution de plusieurs flyers de promotion, mais surtout aussi dans des marque-pages originaux.

Pourquoi « originaux », tout simplement car chacun d’entre eux contient un texte court entier (pas un résumé ni un extrait), une nouvelle dans un style particulier parmi ceux que j’affectionne. Quel meilleur moyen de montrer mon travail à des visiteurs que de leur offrir un texte complet à lire tranquillement ?

C’est ainsi que sont apparus des marque-pages titrés :

  • Point de vue (fantasy / fantastique)
  • Filature (policier / humour)
  • Retour aux sources (post-apocalyptique)
  • La nuit (fantastique / horreur)
  • Are you… (contemporain / humour)

Après, mais c’est tout récent, sont arrivés de véritables marque-pages reliés à un roman en particulier, comme le récent Mycélium parut chez Octoquill Editions.

Pour vous, ami(e)s lectrices et lecteurs, voici le texte du marque-page qui a le mieux été apprécié :

POINT DE VUE

Un goût de mort afflua dans la gorge du Roi. Sa grande expérience des guerres ne pouvait le tromper : il vivait là ses derniers instants. Tandis que le soleil semblait figé au zénith, il contempla le champ de bataille l’environnant comme un désert morbide. A perte de vue, tout n’était que cadavres et mourants. Presque toute son armée reposait ça et là, taches claires sur le sol som­bre. Autant de corps sans vie qui paraissaient découper la terre en un gigantesque quadrillage.

L’armée ennemie les avait tous décimés. Ses gardes, ses cavaliers, ses prêtres… Même sa femme, sa reine bien aimée, avait rendu l’âme dans ses bras, occise d’une flèche en plein cœur en voulant le protéger de son corps aux formes pleines. Au loin, le Roi apercevait l’ultime tour, seul vestige d’une forteresse jetée à bas… la sienne. Un dernier salut bien trop éloigné pour le sauver.
Car sa mort accourait vers lui ! Deux cavaliers aux montures couleur de suie galopaient sur la lande, lances pointées vers sa poitrine parée d’ivoire.

Les trois gardes, qui constituaient le dernier rempart entre ses adversaires et lui, ne pourraient pas enrayer l’assaut imminent. D’autant plus que d’autres adversaires le menaçaient. Un prêtre à la toge d’onyx pointait son bâton vers lui, tandis que la propre femme du Roi adverse s’avançait d’une démarche sensuelle. Qui aurait pu croire que sous cet aspect angélique se cachait la pire des ennemies, la plus puissante ?

Le Roi regarda une dernière fois ses terres tandis que ses derniers gardes tombaient un à un.

De nouveau menacé directement, il recula d’un pas, butant en mau­gréant contre la muraille infranchissable qui encerclait le champ de bataille.

Ses adversaires l’entouraient à présent, l’acculant pour l’hallali final. C’est en maudissant celui qui le commandait que le Roi brandit son sceptre, en un dérisoire geste de défi. La fin était là ! La reine adverse s’avança lentement. Sa démar­che était si calme qu’elle faisait à peine bruire le fin tissu de sa longue robe. Ses seins fermes tendaient le doux tissu de soie noire. Son visage était radieux, pourtant, ses mains étaient ensanglantées. Elle sourit en s’approchant encore, dévoilant des dents aiguisées dignes d’un préda­teur.

Alors que le Roi sentait sa vie s’enfuir, une voix désincarnée chuta du ciel. Les ultimes mots perçus par le suzerain à l’agonie :

– Echec et mat !

Au-dessus de l’échiquier presque vide, les deux joueurs se serrèrent la main avant de préparer une nouvelle partie…

Alors, qu’en pensez-vous ?

La suite, dès demain…

Christian Perrot – 2022 – Tout droits réservés – contact.christianperrot@yahoo.fr