« La lune argentée s’élevait lentement en longeant la voûte étoilée du ciel nocturne. Dépassant enfin les nombreux toits des demeures, sa lumière se refléta sur les eaux calmes du lac. Ricochant sur la surface liquide comme sur un miroir, la lueur nimba de sa couleur caractéristique un petit bosquet blotti entre deux maisons particulièrement imposantes.

Un jeune homme se trouvait assis là, sur la berge, noyant son regard azur dans l’argent du reflet de lune. Ses longs cheveux blonds noués par un catogan écarlate dégageaient un visage avenant rehaussé par sa courte barbiche. La tête emplie d’idées contradictoires, Athalaric laissait errer ses yeux le long de la vaste étendue d’eau lui faisant face.[…]

Athalaric n’aimait pas cette agitation où chaque recoin pouvait dissimuler un individu mal intentionné prêt à tout pour quelques piécettes. Non sans mal, le jeune homme était parvenu à se faire accepter dans le quartier bourgeois grâce à ses dons pour la poésie si chère aux yeux des nantis. Pour chercher l’inspiration, Athalaric venait souvent s’asseoir la nuit au bord du lac. En rivant son regard dans le reflet de la lune sur les eaux calmes, son esprit s’emplissait d’idées, sources des poèmes merveilleux, presque irréels, qui avaient fait sa réputation… et son malheur.[…] »

Christian Perrot – 2020 – Tout droits réservés – Contact : christian.perrot@yahoo.fr