
Type: Roman
Genre : Anticipation | Enquête
Parution : 2021
Editeur : Les Éditions Octoquill
Illustration de couverture :
Sheila Rougé – Ouroboros Design
Illustrations intérieures :
Chloée Bonnet – Gardenofpastel
Corrections :
Héloïse Marquier
ISBN : 978-2-492240-07-2
Interview réalisée par Lydia Perot pour le groupe Facebook : Mordus de fantastique / science-fiction / fantasy
Coucou les mordus,
Me revoilà pour une interview de personnage. N’hésitez pas à nous dire ce que vous en pensez.
Voici Moyah Bheret du roman Mycélium de Christian Perrot
Faisons connaissance si vous le voulez bien :

Vous évoluez dans Mycélium. Qui êtes-vous ? Possédez-vous des caractéristiques physiques particulières ? (vous pouvez vous décrire si vous le désirez) Quel âge avez-vous ? 🧐
Bonjour,
Je me nomme MOYAH BHERET et je suis présente dans Mycélium « une enquête lunaire » (roman d’anticipation publié par les Éditions Octoquill).
En effet, mes caractéristiques physiques sont difficiles à masquer, jugez plutôt : le côté droit de mon visage demeure féminin, de même que mes lèvres, en revanche, le crâne et tout le côté gauche sont ceux d’un androïde sophistiqué. Joue de métal, œil rouge enchâssé dans un logement rotatif, front orné d’une plaque rosâtre réfléchissant la lumière, cou recouvert d’une résille métallique rappelant les antiques cottes de mailles. Pire encore, tout le côté gauche de mon corps est à l’unisson : bras et jambe de métal (mêlant couvert argent et gris en fonction des matériaux les constituant).
J’ai 36 ans, du moins, au moment de mon accident, depuis, le temps s’écoule différemment pour mon organisme altéré par la technologie.
Parlez-moi de votre parcours. Comment êtes-vous arrivé là ? Que faites-vous dans la vie ? Possédez-vous des capacités ou des compétences particulières ? Quelle est votre spécialité ? 🧙♂️🧚♂️🦸
C’est une longue histoire…
J’ai toujours rêvé d’aller dans l’espace. Hélas, durant des années, j’avais la possibilité de m’engager comme assistante, voire comme réceptionniste, mais en aucun cas en tant qu’astronaute. Par dépit, j’ai intégré l’armée de l’air au sein de laquelle j’ai grimpé les échelons avec toute la hargne que m’inspirait cette distinction entre les sexes. Je suis devenue pilote lorsque ce métier s’est ouvert aux femmes. Mes capacités, et sans doute la rage de vaincre qui m’animait, m’ont permis de briser quelques portes. J’ai commencé comme pilote de chasse, puis de prototypes à tester. Un travail dangereux, mais qui m’allait à merveille car j’aspirais à ressentir les sensations provoquées par certains engins spatiaux, dans l’atmosphère, du moins, puisque je ne pouvais le faire dans l’espace. Un accident finit par briser mes ailes, si je puis dire. Une seconde pour qu’une pièce se casse, une autre pour perdre le contrôle de l’engin, encore un court instant « entre deux » et le crash a occulté tout le reste. J’aurais dû mourir là et mon nom aurait été ajouté à la longue liste des pilotes tués dans l’exercice de leurs fonctions. Pourtant, par un étrange coup du sort, un projet novateur était en gestation, n’attendant que le sujet idéal pour le lancer et le présenter au grand public. Je fus ce cobaye ! Ils assurent que j’étais volontaire et que j’ai donné mon accord en toute connaissance de cause. Peut-être ne mentent-ils pas. Après tout, à la suite du crash et de l’explosion de mon appareil, je nageais dans un coma douloureux, et je n’avais plus toute ma tête. Au sens propre comme au sens figuré, d’ailleurs. Bref, je me suis réveillée avec un corps… différent… Après une très longue rééducation, j’ai été réaffectée. Les psychologues ont estimé qu’il n’était pas bon pour ma santé mentale de reprendre mon activité de pilote. Par contre, afin de mettre en avant leur projet tout en démontrant l’efficacité de mon nouveau cortex double, ils m’ont fait endosser l’uniforme de policier-enquêteur dans le réseau urbain. Un job difficile, je peux vous l’assurer. Cependant, une fois encore, je démontrais mes capacités à toujours aller de l’avant et à réussir ce que j’entreprenais. Quelles qu’aient été les difficultés rencontrées. Mes états de service et la pleine réussite des opérations pratiquées sur mon organisme à l’agonie m’ont dotée d’une certaine influence sur mes supérieurs. Cela m’a d’ailleurs permis de monter un dossier suffisamment étayé et éloquent pour qu’ils ne puissent pas m’empêcher de choisir ma future mission sur la Lune. Vous voyez, c’est assez cliché, non ?
En termes de capacités, oui, je dispose d’un cerveau supplémentaire, entièrement artificiel. Il contient une base de données assez complète dans laquelle je peux me plonger tout en projetant les informations directement à l’intérieur de mon œil artificiel. Un avantage tactique et stratégique sans encombrement ni nécessité d’un accès à un quelconque réseau.
Pour l’heure, je suis une enquêtrice missionnée par la NASA pour me rendre sur la Lune afin de comprendre pourquoi la Terre demeure sans nouvelle des premiers colons sélènes.
Etes-vous plutôt du genre à argumenter ou essayez-vous plutôt d’éviter les conflits ? 🙈🙉🙊
Toujours argumenter ou émettre les sommations d’usage avant d’utiliser une arme, cela fait partie de ma formation de policière au service de la population. Bien sûr, éviter les conflits est une priorité, hélas, ce n’est pas toujours possible. L’espèce humaine est si versatile. Dans Mycélium, j’espère me montrer capable de juguler les éventuels débordements si nous sommes confrontés à des épisodes de folie ou de perte de contrôle.
Etes-vous plutôt optimiste, réaliste ou pessimiste ? 🤩😔
De par mes capacités, je suis surtout factuelle. Je regroupe les indices, je les analyses, je cherche dans ma base de données des correspondances, mon esprit est toujours actif. Si je suis témoin d’un événement jugé comme impossible par la science, je ne le considère pas comme une hallucination. Le voir suffit à me démontrer sa véracité.
Aussi, je ne suis ni pessimiste ni optimiste, je calcule les probabilités d’évolution d’une situation ou la survivance d’un individu, je ne cache rien, et j’exprime la vérité aux personnes concernées d’une manière factuelle, détachée, analytique.
Que faites vous dans la vie ? 🛠🗡️🛡🤓
Actuellement enquêtrice au service de la prestigieuse NASA, j’ai profité de l’occasion du silence de la base lunaire pour me faire accepter dans l’équipe de sauvetage. La première cyborg à marcher sur le satellite naturel de la Terre.
Avez-vous des amis ? Qui sont-ils ? 👥
Hélas, ma condition particulière m’a coupé de mon cercle d’amis. J’ai toujours des connaissances et des partenaires de travail, mais je ne peux plus m’engager dans une relation plus proche. Pour tout dire, je ne suis plus assez humaine pour m’investir dans un contact organique amical, voire plus. Même si mon cerveau continue à m’informer du contraire.
Avez-vous des projets ? 📅
Réussir ma mission sur la Lune pour démontrer à mes supérieurs qu’une femme cyborg est avant tout un être humain capable d’accomplir un travail important. Et, au passage, leur rappeler que la gent féminine n’est pas moins capable qu’un homme dans la même situation.
Que ressentez-vous à cet instant ? 💭
Au début de ma mission sélène, de l’excitation car, enfin, je satisfais un vieux rêve, aller dans l’espace, même si c’est dans le cadre particulier d’une absence inquiétante de réponse des colons sur place.
Comment voyez-vous l’avenir ? Quels sont vos projets ? ⌛️
Je raisonne toujours de manière factuelle, donc, dans l’immédiat, je me concentre sur ma mission. Si je la réussi, je postulerai pour devenir astronaute ainsi que je l’ai toujours désiré. J’adorerai faire partie du premier équipage à destination de la planète Mars.
Avez-vous des secrets ? Des regrets ? 🤫
Mon cerveau double, mi-organique mi-cybernétique, perturbe parfois mes échanges avec d’autres individus. Lorsque mon cortex artificiel se concentre sur un sujet ou l’analyse d’une situation, il prend presque complétement le contrôle de mon organisme. Ainsi, ma voix devient plus dure, mes phrases plus impératives, mes réactions presque robotiques, bref, je frôle l’inhumain pour un interlocuteur non informé.
Des regrets ? Oui, parfois, je me dis que je n’aurai pas dû être reconstruite après mon accident. La mort paraît douce lorsque l’on a perdu tout ce qui fait de vous un être humain « normal ».
Vous avez été désigné porte-parole des personnages de Mycélium. Cela doit provoquer une certaine émotion, non ? 📢
D’un point de vue tout à fait factuel, c’était logique, car je suis la plus en capacité de répondre aux questions sans sentiment ni verbiage inapproprié. Non, je n’en éprouve nulle émotion particulière. Mon organisme modifié est un obstacle à cela.
Quel regard portez-vous sur Mycélium ? Sans trop en dévoiler, les aventures que vous y vivez, votre rôle, vos comparses… 📖
Les membres d’équipage ont été convenablement choisis. Chacun de mes compagnons de voyage sont qualifiés et expérimentés, leurs compétences comme leur intégrité ne fait aucun doute. Le seul point faible, toujours d’une manière factuelle, est le dénommé Matthew Ferguson, l’ingénieur spécialisé dans les habitats non terrestres. Certes, il est expert dans la nouvelle méthode de construction de base spatiale intégrant des particules de mycélium dans leurs structures. Pour autant, il ne connaît pas ou peu l’espace, son entraînement a été accéléré, et il n’a même pas assisté au briefing de début de mission. Je vais devoir le surveiller pour que ses lacunes ne deviennent pas autant de sources de danger pour les autres membres de la mission.
Vous qui avez rencontré l’auteur, quelle impression vous a-t-il laissée ? 😚
Un homme posé, réfléchi, studieux, capable de passer des heures à se renseigner sur des points précis afin de ne pas écrire de stupidités. Un individu à l’écoute des lecteurs, ouvert aux critiques, toujours en quête d’amélioration.
Il semble posséder une certaine expérience de l’écriture en la mesurant à l’aune du nombre de ses publications. Un auteur à suivre, si je puis me permettre cette opinion.
Pensez-vous qu’il y ait un parallèle entre Mycélium et le monde réel ? 🤔
Ce qui est certain c’est que l’auteur s’est appuyé sur l’actualité, mais aussi sur de véritables notions et technologies en cours de déploiement. La colonisation de la Lune est prévue pour le début de l’année 2030 et la NASA prépare bien des structures d’habitations intégrant des mycéliums. Même mon aspect en partie cybernétique prend sa source dans l’évolution exponentielle des prothèses destinées à remplacer des organes et des membres sur des êtres humains. Je dirai donc que, toujours d’un point de vue factuel, le livre est plausible à quatre-vingt-douze pourcents. Pour le reste, nous verrons bien !
Quels thèmes porte cette histoire ? 🔎
La colonisation de la Lune, d’une part, cette propension humaine à s’aventurer dans des contrées inconnues pour toujours aller voir ailleurs si l’herbe y est plus verte. Une forte témérité, bien sûr, mais aussi une grande inconscience qui engendre souvent des pertes d’êtres vivants, parfois inutiles.
Le transhumanisme est l’autre courant fort. Une bonne chose lorsqu’il s’agit de réparer des organismes détériorés par la maladie ou les accidents, mais attention au dérives. L’espèce humaine ne semble pas capable de s’arrêter avant d’avoir dépassé le point de non-retour.
Le roman évoque aussi l’inconnu et ce qui pourrait bien exister dans l’ombre sans que personne n’en ait jamais eu conscience. Il n’est pas toujours profitable de s’aventurer en territoires inexplorés.
Si vous deviez réécrire Mycélium, que modifieriez-vous ? 🖋
Très bonne question, mais les meilleurs ordinateurs ne font pas les meilleurs auteurs.
Je pense toutefois que je développerais plus l’aspect technologique, la vie sur la Lune, les contraintes réelles endurées par les astronautes, comme le port de couches durant les sorties en scaphandre pressurisé, par exemple, ou la difficulté de satisfaire ses besoins primaires en apesanteur.
Nonobstant, la partie organique de mon cortex me fait remarquer que cela pourrait rebuter le lecteur recherchant surtout du dépaysement et de l’action.
Avez-vous quelque chose à ajouter ? 🗣
Je vous remercie de m’avoir permis de m’exprimer ainsi, sans filtre ni censure. J’apprécie d’avoir pu prendre la parole. C’est agréable !
Pour finir, qu’aimeriez-vous dire aux lecteurs de Mycélium ? 🙃
Si, comme moi, vous souhaitez savoir ce qui se passe sur la Lune et pourquoi les premiers colons sélènes ne répondent plus aux sollicitations de la Terre, venez découvrir cette enquête !
Merci pour ces réponses.
C’est moi qui vous remercie.